Déjà là
La date que nous attendons depuis 8 mois approche. La date que nous espérions atteindre au plus vite, et que nous redoutons presque maintenant. La date qui était encore floue il y a quelques semaines, pas parfaitement définie, et qui est dorénavant précisément établie. Cette date, c'est la date, sinon de naissance, du moins de déclenchement de l'accouchement de notre 4ème enfant.
Cette grossesse touche presque à sa fin. Notre angoisse est toujours grandissante, toujours difficile à gérer, mais l'aboutissement, quelqu'en soit le résultat, est maintenant presque palpable.
Il est beaucoup trop tôt pour tirer des leçons de ces quelques mois, mais il y a une chose qu'on ne regrettera forcément jamais d'avoir vécue. Cette chose, c'est la préparation à l'accouchement que nous vivons, mon épouse, notre 4ème enfant, et moi.
De prime abord, nous n'aurions pas envisagé particulièrement de préparation à l'accouchement. Mais sur conseil de la psychologue, nous avons finalement contacté une sage-femme proposant l'haptonomie. Avec mon épouse, nous avions évoqué cette approche lors de la grossesse de notre fille aînée. Cela nous tentait, mais c'était difficile techniquement de gérer les temps de trajet avec nos boulots respectifs. Nous avions choisi une préparation au travers de la sophrologie, plus accessible géographiquement, et nous en avions été pleinement satisfaits. Cependant, nous avions déjà évoqué l'haptonomie comme quelque chose qui nous aurait plu. Pour ce 4ème enfant, donc, nous avons choisi de franchir le pas, l'arrêt de travail de mon épouse aidant à l'organisation, et la compréhension de mes associées me permettant de m'absenter du boulot pour participer auprès de mon épouse à ces séances.
Je ne savais finalement pas grand chose à propos de l'haptonomie. Je savais qu'il s'agissant d'une sorte d'entrée en contact avec le bébé in utéro, mais j'ignorais tout le reste. Cette entrée en contact, instinctivement, je l'avais abordée sommairement avec notre aînée. Je m'amusais à poser ma main à différents endroits sur le ventre de mon épouse, et notre bébé "s'amusait" à taper à l'endroit où je plaçais ma main. Nous ne l'avons pas fait souvent, et la plupart du temps, je me contentais de poser la main à l'endroit où elle effectuait des mouvements.
Avec notre 4ème enfant, nous avons pu approfondir cette interaction. Notre fils ne se contente pas de taper là où nous posons nos mains, il se déplace véritablement pour se caler au creux de nos mains. Il est d'ailleurs très réceptif, comprenant probablement le besoin que nous avons de communiquer avec lui. Presque tous les jours, nous prenons quelques instants pour interagir avec lui, pour profiter déjà de sa présence, même si le ventre de notre épouse le sépare encore de nous. Ainsi, grâce à ces séances de préparation, bien plus concrètement que ce que nous avons vécu avec ses soeurs, il est déjà là. Et en tant que papa, je vis déjà des moments particulièrement intenses avec lui.
L'haptonomie ne consiste pas uniquement en cette entrée en contact avec l'enfant. Elle est aussi un accompagnement de la maman (et, dans une certaine mesure, du papa également), une méthode de détente, de relaxation, et c'est particulièrement utile dans notre situation. Elle donne un véritable rôle d'accompagnement au papa lors du travail et de l'accouchement, que j'avais suivi instinctivement, plutôt sommairement, probablement maladroitement, lors des trois premiers accouchements de mon épouse.
L'haptonomie, c'est une multitude de petites choses qui permettent d'appréhender plus sereinement (ou de manière moins angoissante dans notre cas) la naissance, quelque soit le déroulement de cette naissance. C'est une façon qui parait a postériori tellement évidente d'accompagner l'enfant au cours de sa propre naissance.
Nous sommes donc pleinement satisfaits de cette préparation à l'accouchement, qui est finalement bien plus qu'une préparation à l'accouchement. L'haptonomie, c'est finalement la concrétisation de ce que tous les parents qui ont perdu un enfant in utéro décrivent : cet enfant, tout au long de sa vie in utéro, est déjà là. Et grâce à l'haptonomie, c'est encore plus réel.
Et comme l'a dit la sage-femme lors de la première séance, quoi qu'il arrive par la suite, ces petits moments de communication avec notre enfant, c'est toujours ça de pris. Alors pourquoi s'en priver ?