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pas tout à fait papa
11 juillet 2016

Les mois passent

Depuis la naissance de notre fils, déjà plus de 6 mois sont passés. Tellement vite, et tellement lentement. 

Je n'avais pas grand chose à raconter à propos du deuil périnatal. Il y a bien eu ces quelques phrases de notre aînée, un matin, en allant à l'école, qui évoquait la présence de ses deux petites soeurs dans ses rêves, avec lesquelles elle faisait des galipettes. Elle avait ajouté qu'il faudrait qu'on parle d'elles à son petit frère, parce qu'on les aimait et que c'était important. J'avais commencé un post à ce sujet, mais finalement, à part retranscrire tout simplement ses paroles, que pourrais-je bien faire de plus, de mieux ?

Et puis le temps passe. Notre nourrisson a grandit, c'est toujours un bébé, mais il est plus grand maintenant. Et s'il nous prend toujours beaucoup de temps, s'il rempli tellement nos journées que nous avons moins le temps de prendre du recul vis à vis de nos deux enfants nées sans vie, nous avons l'impression d'apercevoir par moment de vagues idées se dessiner derrière la brume. 

Nous avons passé un cap, c'est certain, avec la naissance de notre fils. D'abord, parce que nous avons "complété" notre famille, parce que nous savons que nous n'aurons pas d'autres enfants. Ensuite, parce que sa naissance nous a permis de ne pas rester sur le décès de nos deux filles précédentes, elle nous a permis d'avancer réellement, sans nous contenter de faire des projets sur un espoir d'enfant que nous aurions pu ne jamais avoir à la maison. Elle nous a permis aussi de sortir de l'angoisse, celle d'enfin trouver le courage de concevoir à nouveau, ainsi que celle de l'attente de la naissance en étant conscient de tous les risques que nous avions de perdre cet enfant. Enfin, parce qu'elle a apporté un bébé à la maison, répondant aux envies et aux besoins de notre aînées, mais aussi des nôtres.

Alors, forcément, même si c'est un peu difficile de l'avouer, nos deux filles nées sans vie étaient d'une certaine manière moins absentes. C'est peut-être pour ça que nous avons enfin affiché leurs portraits dessinés dans la cuisine, aux côté des photos de nos enfants nés en vie. C'est peut-être aussi pour ça que je continue à aller courir, malgré la fatigue et les chaleurs pourtant fortes de ces derniers jours. Un peu comme si nous nous en voulions de moins souffrir, et que nous avions besoin de concrétiser leur absence.

Mais les choses changent. Notre fils grandit, il devient petit à petit moins un bébé, et l'absence des bébés qu'auraient été nos deux filles nées sans vie se fait à nouveau ressentir. Peut-être que la cinétique de notre fils, sa vigueur, son énergie, le fait qu'il grandisse si vite, nous rappellent un peu que les histoires de nos deux filles décédées sont non-évolutives, statiques, terminées. 

Nous aurons probablement toujours le manque des bébés qu'elles auraient été, qu'elles auraient dû être. Notre fils ne les remplace pas, nous en avions déjà conscience avant même de le concevoir, il ne les remplacera jamais, et nous voulons infiniment que ça se passe ainsi ; mais nous avions l'impression, à tord, qu'il nous permettait de moins souffrir de l'absence de ses grandes soeurs. Nous n'attendions pas cela, et nous le constatons un peu a posteriori. Mais ce n'est que transitoire. Il deviendra un enfant, il marchera, il ira à l'école, il grandira, et derrière lui, toujours, restera le manque de bébé que ses deux grandes soeurs décédées ne seront jamais.

Et c'est probablement mieux ainsi...

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  • Je suis un papa qui souhaite, dans l'anonymat, parler du deuil de mes deux enfants nés sans vie. Si vous voulez partager certains de mes articles ou l'adresse du blog, je vous demande de me prévenir et d'attendre mon accord, afin de préserver cet anonymat
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