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pas tout à fait papa
3 novembre 2014

entracte

Cela fait un mois et 10 jours que notre petite dernière est née. J'ai l'impression que ça fait une éternité. Notre entourage nous sonde un peu, pour savoir si ça va. Pour savoir si nous reprenons le dessus. Pour savoir si nous allons mieux. Pour savoir si nous allons de l'avant.

Ils doivent avoir l'impression que c'est le cas. Nous avons adopté une petite chienne, qui remet un peu de vie à la maison. C'est surtout pour notre aînée que nous avons pris cette décision (et c'était quelque chose que nous envisagions depuis plusieurs mois, et puis l'occasion s'est présentée). Nous recommençons à jouer et rire avec notre aînée. Pour ma part, avec mes associées et collègues, j'en parle un peu plus facilement que pour notre seconde fille. Nous avons décidé, finalement, de maintenir les fêtes de Noël à la maison, comme c'était prévu avant, même si nous les envisageons plus "simples", plus "sobres", que ce que nous pensions faire à l'originge. Nous essayons de sortir, nous passons un week-end dans la famille. J'ai repris les répétitions avec mon groupe de musique amateur. Mon épouse emmène notre petite chienne au club d'éducation canine, pour la sociabiliser un peu. Nous allons faire changer les fenêtres qui commençaient à vieillir un peu. Nous envisageons quelques autres travaux dans la maison. Comme "monsieur tout-le-monde".

Ils doivent avoir l'impression que nous continuons à vivre, et que nous n'allons pas si mal que ça.

C'est faux. Nous n'avons pas continué à vivre. Nous nous enfuyons vers telle ou telle activité, nous nous déconnectons de la réalité (de notre réalité), tout en sachant que nous devrons bien y revenir un jour. 

Nous sommes comme des acteurs qui jouent un drame. Mais nous faisons une pause. C'est l'entracte. Nous quittons notre douleur comme on enlève un costume. Nous essayons de respirer un peu, d'échapper à l'ambiance lourde et pesante de cette pièce de théâtre qu'on nous a obligé à jouer. On prend l'air. Une bonne bouffée d'oxygène, un peu de vent frais, on s'éponge un peu le front, on se rafraîchit rapidement. La seule différence, c'est que les acteurs font semblent d'aller mal pendant la pièce ; nous, nous faisons semblant d'aller bien pendant l'entracte.

Et puis...

Et puis, il va falloir y retourner. On va devoir reprendre notre douleur, exactement là où on l'a laissée. On va devoir reprendre nos rôles, nos personnages. On va devoir replonger dans cette atmosphère si lourde à laquelle nous avons échappé pour un instant. Cette pièce de théâtre, c'est notre vie. Ces personnages, c'est nous. On va devoir y retourner...

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  • Je suis un papa qui souhaite, dans l'anonymat, parler du deuil de mes deux enfants nés sans vie. Si vous voulez partager certains de mes articles ou l'adresse du blog, je vous demande de me prévenir et d'attendre mon accord, afin de préserver cet anonymat
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