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pas tout à fait papa
18 novembre 2014

Un peu de silence

Ça fait pas mal de temps que je n'avais rien écrit sur ce blog... Pour plusieurs raisons.

D'abord, il faut bien l'avouer, j'ai été pas mal perturbé par les évènements qui m'ont fait "changer" les choses. Savoir que ma famille proche puisse tomber sur ce blog et lire mes articles m'a beaucoup affecté. D'une, parce que dans la liberté de l'anonymat, je pouvais parler précisément de telle ou telle personne, de ses gestes et paroles déplacés, de la peine que j'ai ressentie suite à tel ou tel évènement familial. La perte de deux enfants est bien suffisamment difficile à vivre, sans avoir en plus à supporter des discordes familiales. D'autant plus si c'est moi qui en suis à l'origine. De deux, parce que les souffrances que nous traversons, mon épouse et moi, dans notre deuil, sont tellement intimes que nous n'acceptons de les "livrer" ici que parce que le blog est lu par des inconnus. Notre pudeur, au sein même de notre famille, fait qu'on n'a pas envie qu'ils sachent à quel point on va mal. Ils ont leur deuil à faire, eux aussi, de deux nièces, de deux petites-filles. Et nous n'avons pas envie de susciter trop d'attention, trop de compassion, qui nous étoufferait bien davantage que l'aide que ça nous apporterait. Pour tout ça, je tenais à l'anonymat de ce blog, et je ne me suis pas méfié. L'une des lectrices du blog a évoqué mes textes sur son propre blog en me décrivant comme le porte-parole des papas confrontés au deuil périnatal. Je n'aurai pas la prétention de me décrire en ces termes, mais dans un sens, je m'étais un peu laissé prendre au jeu, et j'osais imaginer que mes textes puissent aider certains parents. Donc, je n'avais pas forcément envie de limiter le référencement de mon blog, j'avais envie qu'on puisse tomber dessus "comme ça", par hasard. Et par hasard, de la famille est tombée dessus, et a partagé mes articles sur leurs comptes facebook. Niveau anonymat, on fait mieux... Bref, je dois me résoudre à accepter que mon blog soit moins "public". Sauf quelques textes que je copierai sur l'ancienne adresse, afin qu'ils puissent être lu par le grand public. Je dois me résoudre à ce que le bouche à oreille seul fasse circuler l'adresse de ce blog. Soit. De toute façon, à la base, j'écrivais davantage pour me libérer de pensées un peu confuses ou compliquées, et pas tant pour être lu. C'est un retour aux sources, en quelques sortes. Mais ça me perturbe quand-même pas mal.

Ensuite, mon épouse et moi avons traversé une période de calme, on s'est complètement déconnectés de la réalité, et on est allé "bien" quelques temps. En fait, non, on n'est pas vraiment allé bien. Mais on a tellement bien fait semblant, qu'on a fini par y croire nous-même. On s'est construit une vie "normale". Tous les évènements du quotidiens, tous nos projets, toutes les petites choses insignifiantes, sont comme des briques qu'on pose autour de nous pour reconstruire notre vie. Une brique pour l'organisation des fêtes de fin d'années qu'on fera chez nous, une brique pour la reprise de mes répétitions avec mon groupe de musiques, une brique pour les sorties de ma femme au club d'éducation canine avec notre jeune chienne, une brique pour la future chorale de notre fille de trois ans avec l'école, une brique pour les travaux qu'on pense effectuer prochainement, une brique pour le devis signé pour changer les fenêtres de la maison... Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas autant posé de briques. Alors, peut-être pour ne pas fragiliser l'édifice, je refusais de revenir vers ce qui nous ramène à notre deuil. Et ce blog, il en fait un peu partie, de ces choses qui nous ramène irrémédiablement à notre deuil. Alors, c'est probablement un peu pour ça aussi que je n'avais plus l'envie d'y écrire. Mais voilà, notre empilement de briques, il n'a pas de fondations solides. Il suffit de pas grand chose pour que tout s'effondre à nouveau. Et tout s'est effondré, et depuis quelques jours, on est à nouveau "au plus bas", on a replongé au fin fond de notre souffrance et des épreuves que nous traversons depuis plus d'un an et demi. 

Enfin, je n'ai, il faut aussi l'avouer, pas eu énormément de temps pour m'y pencher sérieusement. D'habitude, j'écris la plupart du temps quand je passe ma journée au boulot, pendant ma pause "repas" entre midi et 14h. Hors, je suis en congés depuis deux semaines. Donc, étant à la maison, avec ma fille aînée entre les jambes, pas facile de pouvoir se poser quelques minutes pour aligner quelques mots. 

Tout ça explique en partie le "silence" sur le blog.

J'ai quelques projets "blog" pour les jours qui suivent. D'abord, je voudrais revenir sur ma "lettre ouverte" et expliquer un peu plus de que j'ai réellement fait quand j'ai reçu ce livret de paternité. Et puis, Noël approchant, je voudrais retrouver le conte de Noël que j'évoquais il y a quelques temps, pour le publier. J'aimerais aussi évoquer quelques chose qui me trotte en tête depuis quelques temps sur le deuil périnatal. Une sorte de projet encore bien flou et bien confus (et de toute manière, il est encore bien trop tôt pour s'y pencher trop sérieusement) mais que j'aimerais évoquer, dans le but d'essayer de voir les choses un peu plus précisément. 

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Commentaires
C
Et si ces briques ne s'étaient pas écroulées mais qu'une échelle s'était installée la, pour vous permettre de reprendre le chantier de votre vie la ou il en était chaque fois que vous vous en sentirez capable ?
pas tout à fait papa
  • Je suis un papa qui souhaite, dans l'anonymat, parler du deuil de mes deux enfants nés sans vie. Si vous voulez partager certains de mes articles ou l'adresse du blog, je vous demande de me prévenir et d'attendre mon accord, afin de préserver cet anonymat
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