Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
pas tout à fait papa
20 janvier 2015

Concrètement

Ça fait maintenant presque 3 ans et 5mois que notre fille aînée est née, pleine de vie.
Ça fait 1 an et un peu plus de 9 mois que notre seconde fille est née sans vie.
Ça va faire bientot 4 mois que notre troisième fille est née, sans vie également.

Les gens que nous croisons et qui ne savent pas tout ça doivent penser que tout va bien pour nous.
Nos proches doivent s'imaginer que nous avons encaissé des chocs difficiles à surmonter, mais que tout ça est derrière nous.
Mais le deuil périnatal, ce n'est pas qu'une mauvaise passe. Ce n'est pas juste un paquet de mauvais souvenirs qu'on essaie d'oublier.

Concrètement, alors, c'est quoi ?

C'est ne plus savoir se réjouir quand un couple d'amis donne naissance à un bébé, et s'en vouloir d'être devenu si insensible.

C'est d'éviter, au supermarché, de passer par le rayon puériculture.

C'est de s'avancer, dans ce même supermarché, vers la caisse qui a la file d'attente la plus courtes, puis s'apercevoir que la personne juste devant a un enfant en bas âge, et finalement choisir une file d'attente plus longue.

C'est redouter les fois où notre fille aînée évoque l'envie d'un petit frère ou d'une petite sœur à la maison, car on ne pense pas avoir un jour la force et le courage d'essayer à nouveau de lui faire ce cadeau.

C'est regarder le programme télé en éliminant d'emblée les films où il est question de naissance ou de bébé.

C'est prendre le volant, chaque matin, d'une voiture trop grande pour deux adultes et un enfant.

C'est avoir, dans la voiture, un paquet de petites bougies destinées aux lanternes de la tombe de nos filles.

C'est ne pas oser s'amuser et rire en publique, ou alors le faire puis s'en vouloir très fort, le cœur serré par le sentiment que nous n'avons plus le droit d'être heureux.

C'est ne pas oser parler de nos filles décédées dans nos conversations avec les gens que nous croisons, et avoir honte de n'avoir pas eu la force d'en parler.

C'est, chaque jour sans aucune exception, penser à nos deux anges et souffrir de leur absence.

C'est, certains jours, regretter d'avoir voulu d'autres enfants après notre aînée.

C'est se résigner à démonter et à ranger le lit de bébé qui attend, depuis 2 ans, à côté de notre lit.

C'est des dizaines d'autres choses, auxquelles je ne pense pas sur le moment, mais qui sont autant de blessures que nous recevons chaque jour, qui sont devenues tellement "habituelles" que nous ne nous en plaignons même plus...

Publicité
Publicité
Commentaires
pas tout à fait papa
  • Je suis un papa qui souhaite, dans l'anonymat, parler du deuil de mes deux enfants nés sans vie. Si vous voulez partager certains de mes articles ou l'adresse du blog, je vous demande de me prévenir et d'attendre mon accord, afin de préserver cet anonymat
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité