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pas tout à fait papa
27 novembre 2015

Dans l'attente...

Je n'écris plus beaucoup, ces derniers temps, sur ce blog.

Ce n'est pas que je l'abandonne, ou que je suis trop occupé.

C'est juste qu'en ce moment, il n'y a pas grand chose à raconter, pas grand chose à dire.

 

Bien-sûr, il se passe plein de choses. Mais de ces choses, on n'ose pas trop en parler, on n'ose pas trop s'avancer...

Nous n'avions pas connu cette période difficile de la "grossesse d'après". Notre troisième fille est décédée plus tôt. Alors, bien-sûr, nous avons été angoissés aux alentours de la date anniversaire, rapportée au début de grossesse, du décès de notre troisième fille, et nous avons redouté que ce quatrième enfant s'étrangle avec son cordon. Nous approchons maintenant la date anniversaire, toujours rapportée au début de grossesse, du décès de notre seconde fille. Et l'angoisse, même si nous nous y attendions un peu, prend des proportions que nous ne pouvions pas imaginer.

Pour répondre à cette angoisse, les examens médicaux se multiplient. C'est bien simple : entre les monitorings à domicile par les sages-femmes, les contrôles échographiques à la maternité, les séances d'haptonomie pour parvenir à créer malgré tout un lien avec cet enfant, les rendez-vous chez la psy, les visites chez l'endocrinologue, la consultation chez l'anesthésiste, et les autres rendez-vous médicaux sans lien particulier avec la grossesse, mon épouse a un emploi du temps de ministre. Quand nous devons ajouter tel ou tel examen, ça deviendrait presque difficile de trouver une date libre. Nous qui n'étions pas très médecin jusqu'alors (on a la chance de ne pas tomber souvent malades), on est servis. Je dis "on", car si je n'accompagne pas mon épouse chez la psy (ce qui est bien normal) et que je n'y suis pas retourné moi-même, et si je ne suis pas présent lors des visites des sage-femmes à domicile et lors des consultations chez l'endocrinologue (il faut bien continuer à aller travailler), je suis présent aux séances d'haptonomie, et à tous les examens échographiques réalisés. L'haptonomie, parce que j'ai besoin moi-aussi (et peut-être surtout moi, vu que je ne l'ai pas dans le ventre) de créer un lien avec cet enfant. Les échographies, car si le gynéco devait annoncer ce qu'on redoute le plus au monde, je ne me pardonnerais pas de ne pas être à côté de mon épouse au moment de l'annonce. Mais finalement, tous ces examens ne nous réconfortent pas vraiment. Les équipes soignantes se veulent rassurantes, mais ça ne nous enlève pas cette angoisse grandissante et pesante au quotidien. 

Cette angoisse, nous ne sommes pas que deux à la vivre. Notre fille aînée, si elle n'évoque que parfois la possibilité que ce bébé décède lui-aussi, si elle se projette beaucoup dans son arrivée à la maison, ressent évidemment notre angoisse. Et du haut de ses 4 ans, elle la gère comme elle peut... Nous essayons, sans trop de succès, de répondre à son agitation, à sa désobéissance, à ses périodes d'inattention. Nous recevons les remarques des institutrices qui la trouvent agitée et "violente" (même si cette violence est dépourvue de méchanceté) depuis 2 semaines. Nous l'entendons, à nouveau, se plaindre de maux de ventre. Nous essayons de l'entourer, de la rassurer, comme nous pouvons... Mais comment la convaincre de ne pas angoisser, alors que nous sommes nous-mêmes submergés par la trouille ?

Par chance, ce bébé bouge énormément. Jusqu'à en faire mal à mon épouse. Comme s'il voulait, par ses grands coups de pieds, de coudes, de poings, de genoux, de tête, bref de tout ce qui lui permet de donner des coups, nous dire "hé ho ! je vais bien ! arrêtez de stresser !". Mais quand-même, ça nous angoisse, de manière incontrôlable.

Notre gynécologue, qui avait d'abord dit qu'il vaudrait mieux, médicalement, laisser aller la grossesse le plus loin possible, a bien compris notre angoisse. Il prévoit un déclenchement, si ça s'avère possible, à la date qui nous semblait à nous aussi le meilleur compromis entre le développement du bébé et la prise de risque minimale vis à vis d'un accident in utero. Nous nous sentons écoutés, compris, et ça nous fait beaucoup de bien. Plus que quelques semaines à patienter... Encore quelques semaines à angoisser...

Nous sommes dans une sorte d'attente, au cours de laquelle il est à la fois difficile d'évoquer l'arriver du bébé à la maison, mais aussi impossible de se laisser aller à imaginer qu'il n'y arrivera pas. Nous ne sommes probablement pas les seuls à être dans cette attente. Dans notre environnement familial, il est explicitement question de listes de naissance, d'impatience de voir arriver le bébé à la maison, de matériel, de vêtements... mais pas pour nous. Juste pour les autres bébés nés ou à naître. Dans la famille, personne n'ose nous demander si nous prévoyons une liste de naissance, ou si nous aurons besoin de quelque chose en particulier (il faut tout de même avouer, et ça nous a fait bien plaisir, que des collègues nous ont proposé des vêtements garçons en prêt ou d'occasion pour nous dépanner les premiers mois). Personne n'ose évoquer directement l'arrivée de notre quatrième enfant. Et, d'ailleurs, mis à part avec notre aînée, nous non-plus...

 

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Commentaires
J
C'est malheureusement une période difficile pour vous, entre optimisme et angoisse, pas évident de trouver sa place ... Je vous souhaite de serrer un beau bébé en pleine santé dans vos bras bientôt !
H
Je vous souhaite beaucoup de courage et le plus de sérénité possible pour passer ces dernières semaines.<br /> <br /> Je souhaite sincèrement que tout se passe pour le mieux et vous associe, vous et toute votre famille, dans mes prières...
pas tout à fait papa
  • Je suis un papa qui souhaite, dans l'anonymat, parler du deuil de mes deux enfants nés sans vie. Si vous voulez partager certains de mes articles ou l'adresse du blog, je vous demande de me prévenir et d'attendre mon accord, afin de préserver cet anonymat
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