retour arrière sur le courrier que j'avais envoyés à la CAF
Afin d'apporter un peu plus de précisions, voici une copie du courrier que j'avais envoyé à la CAF le 5 novembre dernier, après réception du fameux livret de paternité :
"Copie de ce courrier à Mme Marisol TOURAINE, ministre des affaires sociales, et à Mme Laurence ROSSIGNOL, secrétaire d’Etat chargée de la Famille
Madame, monsieur,
J’ai reçu ce mercredi 5 novembre 2014, à l’occasion de la troisième grossesse de mon épouse et de la naissance de notre troisième enfant, votre courrier accompagnant le « livret de paternité ».
J’imagine que ce livret est envoyé automatiquement. J’imagine que le courrier qui l’accompagne est un courrier-type (bien que dans ce cas, le « bien sincèrement » qui le conclue sonne assez faux). J’imagine… du moins, je l’espère.
Ma fille est née sans vie le 23 septembre dernier. Dans la semaine qui a suivi, nous vous avons envoyé l’acte d’enfant sans vie. Vous êtes donc au courant de notre situation, vous indiquez d’ailleurs sur notre espace personnel sur www.caf.fr que vous avez reçu cette pièce d’état civil le 29/09/2014 et que notre dossier a été traité le 13/10/2014.
Vous savez donc que nous avons une première fille âgée de 3 ans, une seconde fille née sans vie le 2 avril 2013, et une troisième fille née sans vie le 23 septembre dernier, pour laquelle vous m’adressez aujourd’hui ce courrier et ce livret de paternité. Pour que vous compreniez un peu mieux ce qu’une naissance sans vie signifie pour les parents que nous sommes, je vous adresse en pièce-jointe la photo de la tombe de nos enfants décédés.
Vous comprendrez que l’indélicatesse de votre courrier me choque profondément. Avez-vous seulement conscience de la notion de deuil périnatal ? Imaginez-vous un seul instant la détresse psychologique dans laquelle mon épouse, ma fille de 3 ans et moi-même nous trouvons ? Pensez-vous que nous avions besoin de la peine supplémentaire éprouvée à la réception de votre courrier ? En parallèle, dans votre accompagnement des familles, nous aurions pu espérer une liste de professionnels, psychologues et pédopsychologues, capables de nous aider à avancer dans notre deuil familial.
Symboliquement, je vous retourne le courrier ainsi que le livret de paternité, que je n’ai ni l’envie, ni le besoin de lire. En espérant que vous ferez en sorte que d’autres parents endeuillés ne reçoivent pas ces courriers,
« Bien sincèrement »"
En copie à Mme TOURAINE et à Mme ROSSIGNOL, j'avais joins le courrier suivant :
"Madame la secrétaire d’Etat,
Je me permet de vous adresser, en copie de cette lettre, le courrier que j’ai adressé à ma caisse d’allocations familiales. Ce courrier fait suite à la réception, à mon nom et à mon domicile, d’une lettre accompagnant un « livret de paternité ». La réception de ce courrier est liée à la dernière grossesse de mon épouse. Hors, suite à une mort foetale in utero, notre fille est née sans vie le 23 septembre 2014. Nous avons effectué, la semaine suivante, les démarches afin de déclarer auprès de la CAF cette naissance sans vie. Notre CAF était donc parfaitement au courant de notre situation. Malgré cela, elle m’a envoyé cette lettre et ce livret.
En dehors du fait que ce courrier est d’une maladresse inacceptable et nous accable un peu davantage dans notre douleur, il montre surtout la déconsidération de l’administration face au deuil périnatal d’un point de vue général.
Par la présente, j’espère attirer votre attention sur la portée psychologique d’un tel dysfonctionnement sur des parents endeuillés, et vous supplie de prendre les dispositions nécessaires pour que cela ne puisse plus se produire.
Cordialement,"
Les réponses que j'ai reçu de la part de la CAF et de Mme ROSSIGNOL me laissent penser que ces courriers n'ont pas servi à rien, même si je doute fort que des mesures concrètes soient prises pour éviter les récidives. Si je vous les mets à disposition, c'est aussi pour que vous puissiez vous en inspirer si vous recevez, de la part de nos administrations, des "indélicatesses". Ils ne sont pas parfait, ils sont très probablement à améliorer, ils sont en tous les cas à adapter à chaque situation et à chaque administration. Chaque deuil périnatal est unique, car chaque famille est unique. Mais si mes courriers doivent servir de trame "générale" pour que les parents endeuillés puisse parvenir à se faire entendre de nos administrations, j'en serai ravi. Je suis plus que jamais convaincu qu'il faudrait que chaque parent confronté au deuil périnatal et ayant à faire face à ces dysfonctionnement inacceptables devrait manifester sa colère et son indignation. Je suis également bien conscient que c'est loin d'être facile, et c'est pour cette raison que je souhaitais publier sur mon blog les courriers que j'ai rédigés et qui ont, a priori, fait réagir. Notre deuil est d'autant plus lourd qu'il est déconsidéré ; lorsque nos administrations prendront conscience de ce qu'est le deuil périnatal, il nous sera peut-être un peu moins lourd à supporter...
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